Le Voyage de Théodora, selon Monique D.
Justinien
J’ai franchi le portail,
je marche vers la vague
J’ai si froid
j’ai tant marché
et fait déjà tant de rêves
que ton image disparaît
lentement de ma mémoire
Ce monde blanc vient de naître
Rien de ce que je connais n’en fait partie
Voyage en écho à cet autre voyage des éditions du goudron et des plumes, voyage sur cartes postales découpées, prolongées, retravaillées selon la fantaisie de Patricia Crelier dans le livre Le Voyage de Théodora, http://dugoudronetdesplumeseditions.ch/
« Théodora était la fille du gardien des ours à Constantinople (…) et malgré son amour pour Justinien elle part avec une troupe de danseurs »
Monique D. présente à l’atelier du Renard (Lausanne, 14 janvier 2017), imagine une autre Théodora qui écrit à son amoureux Justinien.
Monique D. découpe, écrit, mêle et démêle mots et images avec une aisance affranchie. Ce qui compte pour elle, me semble-t-il, c’est être soi, dans une vérité dénudée, simple ou première.
C’est à un « voyage d’hiver qu’elle nous convie »
Le Voyage de Théodora, selon Monique D.
Justinien
J’ai franchi le portail,
je marche vers la vague
J’ai si froid
j’ai tant marché
et fait déjà tant de rêves
que ton image disparaît
lentement de ma mémoire
Ce monde blanc vient de naître
Rien de ce que je connais n’en fait partie
Je suis un chemin d’étoiles gelées
le ciel, là-bas,
se met à
changer
soudain
Il y a comme un mouvement de glace
un geste de silence qui
vient vers moi
moi qui transparente, figée
ne suis plus que le miroir
de mon rêve
Quelle impression étrange, de voir les ombres
de si haut, alors que je suis en réalité au plus profond du froid
au plus profond de moi
là où la mémoire invente des chants nouveaux
là où glissent à mes côtés
de grandes ailes bleues
où les chants des baleines
me remplissent de joie
Le ciel lui-même s’est habillé de voiles
Je suis dans un paysage d’aurores
Où tout semble possible
Alors
Lentement
au plus profond du gel
je m’élance
et
je danse
Et c’est à ce moment
que le monde
s’illumine
Monique,
J’ai découvert avec plaisir votre Théodora qui fait un vol bleu sur la page blanche de sa vie. En offrant une danse au miroir de son rêve, elle propose un écho lumineux à ma Théodora qui danse en rouge.
peut-être l’une est-elle le miroir de l’autre…ou son rêve.
Besoin de force: la Rouge se dresse
besoin de rêve: la Bleue s’élance.
J’ai souvenir d’un magnifique film au sujet d’un très vieux couple d’artistes ukrainiens, vivant dans la forêt et grâce auquel j’ai appris que, en ukrainien,un seul mot signifie à la fois
ROUGE et BEAU
amicalement.